Un verger nommé Henriette Létourneau !
La Ville de Lyon s’est engagée d’ici à la fin du mandat actuel à lancer un verger par an et par arrondissement, soit 54 vergers d’ici à 2026.
Sous réserve du vote en Conseil municipal le 28 septembre 2023, le verger citoyen ou urbain situé au 5 rue Dumont-d'Urville prendra le nom de cette Croix-Roussienne, Henriette Létourneau.
Créé en 2021, le verger citoyen rassemble aujourd'hui une quarantaine d'habitants ainsi que des partenaires comme la Maison de l’Enfance et de la jeunesse Croix-Rousse et la commission nature en ville du conseil de quartier, Élodie Trias, Adjointe en charge des mobilités et de la voirie et de la nature en ville... pour échanger et animer ce lieu tout au long de l'année. Les réflexions et les consultations de ce collectif constitué ont permis d'identifier les essences d’arbres à planter par les services de la Métropole, le mobilier (banc, clôtures, barrières et composteur) à installer par les services de la ville dans ces espaces partagés et aussi de trouver le nom d’une femme et baptiser le verger. En 2022, le Conseil de quartier Est-Rhône a proposé deux noms de baptême. Les habitants du quartier ont voté pour Henriette Létourneau.
Qui était henriette létourneau ?
Henriette Létourneau est née en 1912, fille de Jean-Claude Dunoyer, venu à Lyon pour faire son apprentissage de passementier et Augustine Sirand, dévideuse. Le couple aura 5 enfants dont 3 seulement survivront : Lucien, Aimé et Henriette.
Installé à son compte en 1900, Monsieur Dunoyer acquiert deux métiers à moteur électrique et s’établit au 42 rue Jacquard. Une dizaine d’années après, il s’installe au 21 rue Richan où il prend la suite d’un fabricant de tulle. Les parents ainsi que les deux garçons travaillent ensemble à l’atelier de passementerie.
Lorsque Henriette Létourneau naît, l’atelier comporte 5 métiers. On compte alors 500 ateliers de passementerie à la Croix-Rousse.
En 1914, le père et ses deux fils sont mobilisés et partent pour la guerre. Lucien et Aimé sont tués dès la première année du conflit, à un mois d’intervalle. L’atelier va rester fermé durant toute la durée de la guerre. En 1925, Henriette, qui a obtenu son certificat d’études primaires et fait une année d’enseignement primaire supérieur place Morel, est contrainte de renoncer à son rêve d’être institutrice.
Il lui faut travailler avec ses parents pour remplacer ses deux frères. En 1938, sa mère décède.
Un an plus tard, Henriette épouse Pierre Létourneau, fils d’une famille de cultivateurs bourguignons. Ce dernier vient d’abord aider son épouse puis il est mobilisé à son tour lors de la seconde guerre mondiale. En 1954, Monsieur Dunoyer meurt à l’âge de 82 ans. Henriette Létourneau se retrouve seule pour faire fonctionner l’atelier qui comporte 2 métiers, son mari n’ayant pu revenir travailler avec elle, compte-tenu du déclin de l’activité.
En 1956, elle achète avec son mari l’atelier dans lequel ils n’étaient jusque-là que locataires. En même temps, ils font l’acquisition d’un petit pavillon situé rue de la Corniche, à l’ouest du plateau de la Croix-Rousse. En 1976, Henriette Létourneau obtient le diplôme de Meilleur Ouvrier de France et la Médaille d’Or.
Deux ans plus tard elle prend sa retraite et l’atelier cesse de fonctionner. Soucieuse de ne pas voir disparaître l’environnement de travail où elle a œuvré pendant 54 ans, elle entreprend des négociations avec la Ville de Lyon. Elles aboutissent l’année suivante à un rachat par celle-ci. Il faudra attendre 1994 pour qu’une convention soit signée entre la Ville et l’association Soierie Vivante, qui s’est engagée à faire revivre ce lieu chargé d’histoire. Beaucoup des productions de rubans et galons de l’atelier Létourneau ont été exportées à destination de la Russie (église orthodoxe, cour des tsars) ainsi que vers la plupart des pays européens et l’Amérique.
Henriette Létourneau décède en 2005.
Infos pratiques
Le 30/09/2023
Rdv à 10h au local des MOF
18 rue de Belfort
Rdv à 11h devant le verger citoyen
5 rue Dumont-d'Urville