Tchaïkovski, la Pathétique

«J’aime la bonne musique parce que c’est mieux que la vraie vie», affirme Garrick Ohlsson en riant. Aux côtés d’Andrew Davis et de l’Orchestre national de Lyon, le pianiste américain nous rappelle que l’essentiel réside dans la musique. Ce n’est pas ce programme profondément romantique qui le contredira.

Il était une fois… L’ouverture d’Oberon commence comme un conte de fée, merveilleuse introduction à l’opéra de Weber inspiré par Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Comment pourrait-on, après cela, douter de la capacité de l’orchestre à raconter une belle histoire ? Dans sa Sixième Symphonie, Tchaïkovski précise toutefois que le programme est «profondément subjectif» et qu’il revient au public d’en dessiner les lignes. Toutefois, le titre est sans ambiguïté : «Pathétique», comme l’une des plus célèbres sonates de Beethoven. Tchaïkovski compose une musique bouleversante ; jusqu’au finale lamentoso, chaque émotion y est puisée dans une indicible souffrance. Et tout aussi secret s’annonce le Concerto pour piano de Schumann, avec son motif formé sur les lettres du prénom de sa bien-aimée Clara. Après les doutes et la douleur inspirés par une séparation forcée, la joie des retrouvailles s’y impose.